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Bien-être animal et qualité des produits : de l’évidence à la recherche ?

Publié le 22 mars 2021

Dans quelle mesure le bien-être animal impacte-t-il la qualité des produits que nous consommons et la santé humaine ? 

#buttergate canadien : nutrition animale et qualité du beurre

Un beurre dur, impossible à étaler et à travailler dans les recettes ? Mais que s’est-il passé au Canada ?

Révélé le 5 février dernier par le tweet d’une cheffe, le désormais nommé #buttergate canadien fait couler beaucoup d’encre. L’explication donnée à cette transformation du beurre est la suivante.

Les canadiens confinés en raison de la Covid ont davantage cuisiné. Pour faire face à la forte demande, les éleveurs ont augmenté la part d’huile de palme dans les rations des vaches. Résultat : le beurre canadien a changé de texture. Beaucoup plus dur, il ne se ramollit plus à température ambiante. Impossible de l’étaler sur des tartines ! Il impacte par ailleurs l’organoleptie de toutes les recettes dans lequel il est utilisé. 

Cette affaire interroge la relation entre nutrition animale et qualité des produits animaux. Plus largement, le fait questionne l’impact des conditions d’élevage sur la qualité nutritionnelle et gustative des produits. Mais aussi sur la santé humaine.

Bien-être animal et qualité des produits : de l’évidence à la recherche ?

Une étude de la Commission Européenne sur les porcs et les volailles

La Commission Européenne finance une étude de 6M d’Euros concernant les conditions d’élevage et la qualité gustative de la viande. Le centre de recherche sur de bétail de Wageningen – Pays-Bas, sera en charge du projet, indique le site Food Navigator. L’étude débutera en Août pour une période de 4 ans.

Ce projet concernera les porcs et les volailles dont il est facile de comparer des conditions d’élevage extensives et intensives. Il serait plus difficile de faire cette étude avec des vaches. En effet, ces dernières passent plus ou moins de temps dans des pâturages.

Concrètement, il s’agira de comparer la qualité de la viande issue d’élevages extensifs et intensifs en prenant en considération plusieurs critères. Parmi ces critères : les types d’élevages, la nourriture des porcs et des volailles… Mais aussi l’espace disponible et la possibilité de développer du muscle… Ou encore, les interactions avec la nature et les éléments naturels comme l’herbe et la lumière…

Objectif ? Établir des corrélations entre les méthodes d’élevage et la qualité gustative de la viande. En d’autres termes, mesurer l’impact du bien-être animal sur le goût des produits. Il n’est pas fait référence, dans l’article de Food Navigator, à la qualité nutritionnelle. Le goût étant par ailleurs “subjectif”.

Pour finir, dans le cadre de l’European Green Deal, l’étude vise trois objectifs. Premièrement : lutter contre la fraude. Deuxièmement : améliorer le bien-être animal. Troisièmement : valoriser les apports du bien-être animal auprès des consommateurs par la labellisation et la la valeur-ajoutée du produit. 

Alimentation : d’autres démarches systémiques et vertueuses …

En France, des démarches systémiques, reliant le bien-être animal, l’environnement et l’homme ont été lancées depuis longtemps.

On peut citer, pour commencer, Bleu-Blanc-Cœur. La démarche s’articule autour de la santé des animaux, de la Terre et des hommes. 

La diversification alimentaire des animaux – impliquant une diversification des cultures – vise à leur assurer une meilleure santé. Ce faisant, l’on préserve aussi celle de l’homme et de l’environnement, ainsi que la biodiversité.  Une nutrition diversifiée augmente la résistance des animaux aux infections et leur immunité. Cela permet aux éleveurs de réduire les traitements antibiotiques et médicamenteux. De surcroît, la démarche implique de respecter les autres normes du bien-être animal.

Les cahiers des charges reposent sur une double obligation de moyens et de résultats mesurables. Cela implique une qualité nutritionnelle minimum à atteindre pour un produit labellisé Bleu-Blanc-Cœur. 

Par ailleurs, la démarche vertueuse est reconnue par les Ministères de l’Agriculture et de la Santé. 

D’autres démarches comme l’Agriculture Biologique, l’étiquetage Bien-Etre Animal, ou encore La Note Globale existent. Elles permettent aussi d’informer le consommateur sur les conditions d’élevage. Cependant, elles ne font pas aussi bien le lien de cause à effet entre les conditions d’élevage et la santé humaine via la qualité nutritionnelle et/ou gustative d’un produit. 

Changer les comportements 

De telles études que celle financée par la Commission Européenne peuvent paraître à la fois réjouissantes et déprimantes.

Réjouissantes, tout d’abord, parce qu’une démonstration scientifique chiffrée prouvant que le niveau de bien-être animal influence la qualité gustative de la viande est en soit un argument pour améliorer les conditions d’élevage. 

Réjouissantes, ensuite, parce que potentiellement, l’on peut y voir la possibilité d’améliorer les conditions de tous les élevages… De consommer peut-être mieux mais moins, en acceptant de payer davantage les éleveurs. 

Déprimantes, toutefois, parce qu’il aura fallu des zoonoses et la Covid19 pour que nos sociétés prennent enfin conscience que l’homme n’est pas au-dessus d’un système. Il en fait partie et récolte ce qu’il sème. 

Déprimantes, enfin, parce que c’est toujours par le prisme de son propre bien-être que l’homme voit le monde …

Dans ce contexte, puissent la recherche d’une meilleure immunité par l’alimentation, la peur de manquer et la privation de liberté mieux nous interroger sur le sort des animaux d’élevages intensifs …

Image par Alexandra ❤️A life without animals is not worth living❤️ de Pixabay 

Christelle Thouvenin pour Wonderfoodjob